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CAPITAL HUMAIN vs CAPITAL TECHNOLOGIQUE

CHAPITRE 4

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EXISTE-T-IL DES MODÈLES ÉCONOMIQUES NON PRÉDATEURS...

Quelle sera la place de l’homme demain dans un monde numérique présenté souvent comme déshumanisé : sera-t-il balayé par le tsunami Numérique qui avance à la vitesse de 200 millions de mètres par seconde des mémoires centrales de nos ordinateurs (vs 60 mètres par seconde pour l’influx nerveux humain) ? Ou bien l’homme va-t-il au contraire se métamorphoser dans une société devenue résolument collaborative, où le contenu, c’est à dire « le savoir », aura pris le pas sur le contenant, « la technologie » ?

CE QUE VOUS TROUVEREZ DANS CE CHAPITRE

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QUELLE PLACE POUR L'HOMME ET SURTOUT DANS QUEL ENVIRONNEMENT NUMÉRIQUE ?

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RETOUR D'EXPÉRIENCE

IMPACT SOCIAL

LE NUMÉRIQUE REBAT LES CARTES DE L'ÉCONOMIE ET APPORTE UNE TRANSFORMATION DU LIEN SOCIAL

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QUELLE EVOLUTION DU COLLECTIF ?

QUELLE ACTIVITÉ POUR L'HOMME À L'ÉRE DU NUMÉRIQUE ET AVEC QUEL COLLECTIF ?

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UNE REVOLUTION AMBIVALENTE

LES PARADOXES DU NUMÉRIQUE

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LES TECHNIQUES D'AUTOMATISATION, BASÉES SUR DES ALGORITHMES, GÉNÈRENT UN NOUVEAU CODE RELIANT TOUS LES CODES DE LA VIE HUMAINE Y COMPRIS LE CODE DU TRAVAIL

L’ENTREPRISE SAMSON A ÉTÉ ROBOTISÉE EN 2014. CE CHANGEMENT DE PARADIGME N'A PAS SUPPRIMÉ D'EMPLOIS DANS L'USINE VOIRE EN A CRÉÉ UNE VINGTAINE AVEC LA CROISSANCE GÉNÉRÉE

QUELS SERONT DEMAIN LES MODES D'EXPRESSIONS COLLECTIVES. Y AURA-T-IL TOUJOURS UNE PLACE POUR LES SYNDICATS ?

« Nous avons découvert que la technologie est le facteur principal de la baisse relative du revenu des travailleurs peu ou moyennement qualifiés ces dernières années »

Christine Lagarde, présidente du FMI

C'EST LA CAPACITÉ DE NOS POLITIQUES À METTRE EN OEUVRE À L'ÉCHELLE MONDIALE UN SYSTÈME DE RÉGULATION CRÉATEUR DE CONFIANCE ET REDISTRIBUTEUR DE RICHESSES QUI DONNERA LA RÉPONSE D'UN NUMÉRIQUE CRÉATEUR DE LIEN SOCIAL

71%

la perte des revenus de la presse française au profit des GAFAM

70%

des chercheurs universitaires en Grande-Bretagne sont en CDD de 1 à 3 ans

PLUS QUE LA QUESTION D'UNE SUBSTITUTION DU TRAVAIL DE L'HOMME PAR LA MACHINE, C'EST CELLE D'UNE RÉORGANISATION QUI SE POSE

SUR LE PLAN ÉCONOMIQUE, PENSER QUE LA PRÉCARISATION DU TRAVAIL SERAIT RÉSERVÉE AUX SEULS EMPLOIS MOINS QUALIFIÉS SERAIT UNE ERREUR 

1. Y a-t-il une place pour une régulation européenne dans un numérique mondialisé ?

 

2. Comment favoriser la diversité dans un monde où l’algorithme est de plus en plus présent et bride cette diversité ?

 

3. Comment les syndicats peuvent-ils se réinventer dans un univers où la création de la valeur ne repose plus sur la production de masse mais de plus en plus sur la monétarisation de la donnée ?

 

4. L’arrivée de l’IA oblige également les entreprises à une réflexion sur la responsabilité, et le partage entre celle des salariés, et celles des robots. Comment traiter ce sujet avec les partenaires sociaux ?

 

5. Le RGPD sera-t-il le fossoyeur de l’Europe ou encore le renouveau d’un monde numérique qui ne peut exister sans confiance dans ses données ?

 

6. Avec l’arrivée de l’Intelligence artificielle, comment permettre à l’homme de garder la main en termes d'éthique ?

 

7. En termes de sécurité, avec le numérique « les risques qui en découlent ne sont plus conjoncturels mais bien systémiques »

 

8. Avec une consommation énergétique du numérique qui augmente de 9% par an, il est urgent de mettre en œuvre une politique de sobriété numérique

 

APPEL A REFLEXIONS POUR LA 36e SESSION

 

QUELLE PLACE POUR L'HOMME ET SURTOUT DANS QUEL ENVIRONNEMENT NUMÉRIQUE ?

 

S’interroger sur la place de l’être humain dans notre futur numérique, c’est préalablement délimiter le champ créé par le Numérique. Or, comme nous l’a expliqué Vincent Mandinaud de l’ANACT, dans son exposé sur « les défis de la qualité de vie au travail à l’ère du Numérique », celui-ci provoque une « dislocation spatio-temporelle », engendrant la fin de l’unité de temps et de lieu, fondement de la structure de notre environnement. Et c’est bien l’ensemble des grandes structures comme la société, les territoires, le travail ou encore la production, qui s’en trouvent ébranlés, conduisant Bruno Moriset à nous décrire ce «Paradoxe Géographique du Numérique ».

 

Outre la mondialisation, la conséquence économique de ce « brouillage » spatio-temporel est cette contradiction entre un monde créateur de richesse mais affaiblissant dans le même temps ses classes moyennes. Cette « squeezed middle », comme l’appelle les Américains, est-elle le lot des seuls pays développés, ou bien l’observe-t-on également dans les pays émergents, comme en Inde où les travaux de la 35ème session nous ont conduits ?

 

Ce processus de développement technologique, que Paul Baran, l’un des fondateurs d’Internet comparait en 1990 à la construction d’une cathédrale, nous invite à appréhender le Numérique sur le fondement même de notre société : les relations entre individus. Le Numérique est-il créateur ou destructeur de lien social ? Pour Bernard Stiegler, auteur de nombreux travaux sur la place de l’individu et des organisations sociales, la réponse ne fait aucun doute. Le Numérique engendre la disruption (terme repris de Jean-Marie Dru) et provoque par répercussion la destruction du lien social et de nos grands équilibres sociaux. L’être humain a vécu jusqu’ici dans un relatif déséquilibre permanent, fondé sur la recherche ininterrompue de solutions à des problèmes donnés, ce que ce philosophe des sociétés industrielles qualifie de « métastabilité ».

 

Mais le Numérique, défini comme « moyen permettant la communication et l’existence d’outils en lien avec l’ordinateur (appareil photo, automobile, réfrigérateur, etc…) », vient briser cette « métastabilité », en augmentant le taux d’entropie (dynamique d’expansion et de désorganisation qui conduit à la disparition). Les techniques d’automatisation, fondées sur les algorithmes, génèrent un « nouveau code », reliant tous les autres codes de la vie humaine (y compris celui du code du travail). Une vision qui rejoint le fameux « code is law » de Lawrence Lessig. Ainsi les GAFAM, surfant sur ces nouvelles technologies à la vitesse des mémoires d’ordinateurs, disruptent nos organisations sociales, faisant de « l’Ubérisation » une guerre économique sans foi ni loi. Pour contrer ce péril qui nous menace, Bernard Stiegler propose d’encourager le développement de nouveaux équilibres autour d’une économie de ce qu’il appelle la néguentropie (facteur d'organisation des systèmes physiques, et éventuellement sociaux et humains, qui s'oppose à la tendance naturelle à la désorganisation : l'entropie).

 

A l’inverse, l’Inde nous a offert un paysage radicalement différent, où le numérique est considéré comme vecteur de progrès, connectant les communautés les plus éloignées aux biens essentiels. Le premier ministre indien Modi a fait du Numérique, un instrument de sa politique de transformation du pays. Contrastant avec les craintes suscitées par un tsunami « digital » (terme utilisé dans sa version anglaise), l’Inde Numérique ambitionne d’offrir à chaque citoyen (et particulièrement les plus démunis) un accès aux soins, à la formation et l’éducation, aux services bancaires, etc… Le programme Digital India incarne cette volonté vantée à grand renfort de spot vidéo, et s’appuie techniquement sur le méga fichier Aadhaar, recensant bio-métriquement les 1,2 Milliard d’indiens. Cette promesse indienne d’un numérique créateur de lien social, nous l’avons observé chez Philipps Healthcare, qui développe des équipements médicaux connectés, et simples d’utilisation, pour les centres de santé éloignés, avec pour objectif (annoncé sur le fronton de l’entrée de son bâtiment : améliorer la vie de 3 milliards de personnes chaque année en 2025.

 

Dans le domaine agricole, chez KSNDMC, agence autonome de l’Etat du Karnataka (très exposé aux catastrophes climatiques), le numérique est un vecteur de diffusion d’informations sur les conditions climatiques et de préconisations (via sms) auprès des agriculteurs, améliorant ainsi le rendement de leur récolte. L’ONG de la fondation Bill Gates, Digital Green, a quant à elle construit une plateforme d’accompagnement des agriculteurs, leur permettant d’échanger sept fois plus rapidement qu’avec d’autres moyens, leurs savoir-faire et bonnes pratiques, via des vidéos qu’ils prennent eux-mêmes et que l’association diffuse ensuite dans les villages. Grace à ces échanges d’expériences, les cultures sont plus efficaces et les récoltes s’améliorent.

 

Loin de cette image inclusive du Numérique, notre visite chez l’emblématique réseau social Facebook, nous a permis d’appréhender cette révolution technologique avec un tout autre regard. A Dublin, nous avons découvert la face cachée de la devanture attrayante (puisque gratuite) de cette multinationale. Une illustration pratique du modèle biface, reposant sur la monétarisation des données que nous avait exposé Alain Rallet lors de notre premier module.

 

Initialement, l’objectif de Mark Zuckerberg n’était pas de créer une entreprise, mais de remplir une mission sociale : « Rendre le monde plus ouvert et plus connecté ». Une décennie passée, et 2 234 Milliards d’amis à son actif, Facebook n’a rien de philanthropique. Derrière la belle vitrine de l’entreprise friendly se cache une formidable organisation à générer du business. « Les petites histoires entre amis » ne sont qu’un alibi pour mieux connaitre puis capter l’attention de l’internaute (le fameux « temps de cerveau disponible »), et au final, après avoir exploité soigneusement ses données, lui vendre les produits qu’il va aimer. Le vrai business de Facebook n’est pas la relation entre amis, mais la relation avec les entreprises acheteuses d’espace publicitaire individualisé (bien plus efficace que la publicité de masse des média traditionnel), dont les logos sont soigneusement exposés dans les vitrines de ses bureaux à Dublin (que nous n’avons pu photographier, confidentialité oblige !). D’un outil initialement collectif, Facebook l’a transformé en machine à individualiser la relation, la promesse de création de lien social s’étant effacée devant la multitude de profits potentiels à la clé. De ces trois visions totalement différentes des effets du Numérique sur l’humanité, quelle sera celle qui l’emportera ?

 

La grande question posée par le numérique et la robotique, aussi loin que remonte le mythe de Golem, est celle de la substitution de l’homme par la machine. François Levin et Judith Herzog du Conseil National du Numérique nous ont dressé un état des lieux de la littérature économique sur cette question du risque de chômage technologique, et conclu à une incapacité de la science économique à prédire un avenir sur ce sujet. Cette absence de réponse à notre futur génère son lot d’incertitudes et d’interrogations, en particulier sur la transformation du travail et sur la notion même d’ubérisation du travail et de l’économie.

 

Cette automatisation, nous l’avons explorée grandeur nature lors de notre visite de l’usine Samson, robotisée en 2014. L’entreprise filiale d’un groupe international allemand, a réorganisé complètement sa production, gérée désormais par un algorithme intégrant en continu différents paramètres (y compris les absences de personnel). Ce changement de paradigme n’a pas supprimé d’emplois dans l’usine, voire même, avec la croissance générée, en a créé depuis une vingtaine, confirmant en ce sens les conclusions de l’étude « Robots at Works » sur l’impact des Robots industriels sur l’emploi. Par contre, le travail des opérateurs s’est transformé : « Autrefois on usinait à l’oreille, aujourd’hui on paramètre au doigt et demain on sera tous avec nos lunettes de réalité augmentés (NDLR : on usinera à l’œil !) » nous avait expliqué le directeur de la production industrielle. L’irruption des robots dans la production industrielle de Samson n’a pas remplacé le travail humain, il en a redéfini les fonctionnalités dans le processus de fabrication, jusque dans l’utilisation des sens. Cette mutation est perçue positivement par Gerald Salvadori, Directeur production puisqu’elle s’accompagne d’une réduction de la pénibilité et d’une évolution vers des emplois plus intéressants.

 

Le panorama affiché est donc une robotisation source de progrès et d’émancipation pour l’homme, à cent lieues du cliché véhiculé traditionnellement du robot prenant la place de l’homme. A l’opposé, le témoignage de Jérome Pimot, livreur de repas à vélo pour plusieurs plateformes, nous a dépeint un univers plus proche des premières luttes de la deuxième révolution industrielle. Il a monté le collectif ULIVE (union des livreurs à vélo engagée) qui compte 1000 membres, afin de pouvoir porter les revendications sur les tarifs ou la protection sociale par exemple. Beaucoup de livreurs adoptent le statut d’auto-entrepreneur, ce qui leur permet de bénéficier de l’aide à la création d’entreprise (ACCRE). Par ce biais, les plateformes bénéficient donc indirectement d’une aide de l’Etat, ce qui leur permet d’abaisser leur coût du travail. Ce type de modèle pourra-t-il continuer d’exister sans l’aide de l’Etat accordé aux auto-entrepreneurs ?

 

De ces deux visions, l’une porteuse de progrès et d’émancipation, et l’autre de régression, quelle sera la véritable place de l’homme dans le travail de demain ? Quels seront demain les modes d’expressions collectives, y aura-t-il toujours une place pour les syndicats ?

POUR BERNARD STIEGLER, LE NUMÉRIQUE ENGENDRE LA DISRUPTION ET PROVOQUE PAR RÉPERCUSSION LA DESTRUCTION DU LIEN SOCIAL ET DE NOS GRANDS ÉQUILIBRES SOCIAUX

LES TECHNIQUES D'AUTOMATISATION, BASÉES SUR DES ALGORITHMES, GÉNÈRENT UN NOUVEAU CODE RELIANT TOUS LES CODES DE LA VIE HUMAINE Y COMPRIS LE CODE DU TRAVAIL 

CETTE PROMESSE DU NUMÉRIQUE CRÉATEUR DE LIEN SOCIAL NOUS L'AVONS OBSERVÉE CHEZ PHILIPPS HEALTHCARE QUI DÉVELOPPE DES ÉQUIPEMENTS MÉDICAUX CONNECTÉS POUR LES CENTRES DE SANTÉ ÉLOIGNÉS AVEC POUR OBJECTIF : AMÉLIORER LA VIE DE 3 MILLIARDS DE PERSONNES CHAQUE ANNÉE EN 2025

L'OBJECTIF DE FACEBOOK N'ÉTAIT PAS DE CRÉER UNE ENTREPRISE MAIS DE REMPLIR UNE MISSION SOCIALE : « RENDRE LE MONDE PLUS OUVERT ET PLUS CONNECTÉ ». UNE DÉCENNIE PLUS TARD, FACEBOOK N'A PLUS RIEN DE PHILANTROPIQUE

L’ENTREPRISE SAMSON A ÉTÉ ROBOTISÉE EN 2014. CE CHANGEMENT DE PARADIGME N'A PAS SUPPRIMÉ D'EMPLOIS DANS L'USINE VOIRE EN A CRÉÉ UNE VINGTAINE AVEC LA CROISSANCE GÉNÉRÉE

QUELS SERONT DEMAIN LES MODES D'EXPRESSIONS COLLECTIVES, Y AURA-T-IL TOUJOURS UNE PLACE POUR LES SYNDICATS ?

SOMMAIRE

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LE NUMÉRIQUE REBAT LES CARTES DE L'ÉCONOMIE ET APPORTE UNE TRANSFORMATION DU LIEN SOCIAL

 

La nouvelle géographie créée par le numérique change la donne en permettant un accès à un capital humain devenu planétaire et non plus limité à un périmètre géographique restreint. L’entreprise Technicolor illustre parfaitement cette transformation de l’entreprise dans un monde devenu « Village global ». Présente sur trois fuseaux horaires complémentaires (Inde, France et Etats unis), Technicolor travaille 24h sur 24, réinventant à l’ère du numérique, le travail posté et son 3x8 de nos usines.

 

La première conséquence de cette nouvelle géographie est un déplacement de la création de valeur, redistribuant les cartes à l’échelle mondiale. Une étude récente du FMI démontre que si à l’échelle mondiale les inégalités de revenus se sont réduites, grâce notamment à l’émergence des pays comme l’Inde et la Chine, l’analyse infra-pays donne une vision inverse. Les pays, et particulièrement ceux dotés d’économies avancées, ont vu les inégalités s’accroitre sur leur propre territoire. Ce creusement des inégalités nous l’avons observé lors de notre séjour à Londres, le Think Tank Resolution foundation and the UK Labour Market avait éclairé cette vision d’indicateurs précis, notant l’absence pour leur pays de gain de productivité depuis la crise de 2008, accompagnée d’une baisse des salaires réels d’environ 10% depuis 2005. Alain De Cointet, Ministre conseiller pour les affaires économiques et financières nous avait expliqué le déséquilibre territorial économique anglais (la création de richesse étant captée très majoritairement par le quart Sud Est) engendrant une fracture sociale qui s’est ensuite exprimée au travers du vote du Brexit. Forte de cette leçon donnée par le Brexit, Thérèsa May avait indiqué vouloir renforcer le rôle de l’Etat en proposant une stratégie industrielle vecteur de rééquilibrage des territoires.

 

De plus en plus de voix s’expriment sur le risque de montée du populisme, corolaire du creusement des inégalités dans les pays avancés, parmi lesquelles celle de Bernard Stiegler. Pour les partisans de cette thèse, le numérique serait le détonateur d’une possible crise démocratique. Ce risque est pris très au sérieux par le FMI, le conduisant à inciter les gouvernements des différents pays à élaborer des politiques plus inclusives. Christine Lagarde l’a d’ailleurs clairement exprimé dans son discours du 12 avril 2017 : « Nous avons découvert que la technologie est le facteur principal de la baisse relative du revenu des travailleurs peu ou moyennement qualifiés ces dernières années ». Et depuis, ce constat ne s’arrête pas aux seuls pays d’économie avancée : les classes moyennes des pays émergents ne profitent plus de la croissance, comme on aurait pu l’imaginer. Le schéma économique des pays développés lors de l’après-guerre avec les trente glorieuses, peine à se reproduire dans le monde numérique. Les promesses d’une Inde numérique favorisant l’inclusion se fait attendre, avec 10% des indiens les plus aisés qui captent encore 55% du PIB.

 

Ainsi le numérique vient déstabiliser l’équilibre économique reposant sur le modèle fordien (la redistribution aux travailleurs d’une partie des richesses créées afin de favoriser la consommation des produits qu’ils fabriquent), en favorisant les géants d’Internet et un capitalisme financier monopolistique, comme le décrypte Thierry Philipponnat. Une étude du ministère de la culture sortie à l’été 2018 démontre comment en l’espace de 15 ans, les GAFA ont phagocyté les revenus de la presse française.

 

La conséquence de cette nouvelle donne économique en est l’amoindrissant de la classe moyenne (représentant 55% de la population à l’échelle mondiale). Le numérique crée un nouveau modèle économique qui oblige à penser de nouveaux modes de distribution des richesses. Il faut « resolvabiliser l’économie » pour emprunter les propos de Bernard Siegler tenus à l’INTEFP. C’est ainsi qu’émerge les idées de revenu universel, ou encore de revenu contributif expérimenté par Bernard Stiegler à la Plaine Saint Denis. Ces propositions sont des solutions à une redistribution des richesses qui ne fonctionne plus. Mais pour Xavier Ragot, Président de l’OFCE, le numérique appelle l’Etat à de nouvelles missions. Nos institutions doivent trouver de nouveaux modes de régulation et en particulier une nouvelle fiscalité à l’échelle mondiale, permettant de placer l’ensemble des entreprises dans des conditions d’égalité de traitement face à l’impôt (le taux d’imposition des entreprises numériques est de 9% contre 23% pour les entreprises traditionnelles).

 

Cette situation n’est plus tenable puisqu’elle aggrave encore l’effet déjà produit par le capitalisme monopolistique. La réponse à la restauration d’un équilibre est obligatoirement politique et à une échelle européenne et internationale. C’est la condition indispensable pour éviter une prochaine crise.

 

Si l’exemple indien nous a montré que la technologie numérique était créatrice de lien social, la question sous-jacente porte sur la nature de ce lien. Car derrière la belle image d’une technologie source de progrès, nous avons tous pu observer que la numérisation des 1,2 milliards d’indiens sur le fichier Aadhaar, suscitait de nombreuses convoitises, en particulier celles des GAFAM. La cupidité de ces acteurs du numériques ne risque-t-elle pas de venir ternir cette promesse de progrès social ?

 

Des prises de décisions récentes, nous permettent de penser que ce risque est désormais intégré dans la politique indienne. En effet, le gouvernement indien a annoncé durant l’été 2018 qu’il allait légiférer afin de poser des garde-fous pour contrer les GAFAM. Récemment encore, c’est la cour suprême indienne qui vient de limiter l’accès des données biométriques contenues dans le fichier Aadhaar, aux seuls services publics.

 

Les indiens ont bien incorporé le danger que représente les GAFAM, et cherchent désormais à s’en prémunir. Car Facebook en numérisant la relation sociale, en a changé sa nature. Le premier réseau mondial a transformé l’amitié en donnée mesurable, créant ce que l’on appelle désormais l’économie de l’attention, visant à retenir au maximum l’internaute pour mieux lui vendre les publicités des annonceurs. Nombreux sont des anciens dirigeants de Facebook à s‘être exprimés contre leur ancienne entreprise, accusée de « détruire le tissu social de nos sociétés » ou encore « d’exploiter la vulnérabilité de la psychologie humaine ». Plusieurs études commencent à démontrer les effets dévastateurs de l’utilisation abusive des réseaux sociaux, générant des comportements addictifs.

 

Outre cet aspect sociétal, l’organisation même des GAFAM leur permettent de capter une partie considérable des revenus des acteurs jusqu’ici traditionnels. C’est le cas de la presse, avec une étude du ministère de la culture de juillet 2018 qui chiffre à 71% la perte des revenus de la presse française au profit des GAFA.

 

Le numérique serait-il la seule cause de ce transfert massif et rapide ? Daniel Cohen auteur de « Il faut dire que les temps ont changé » cherche à comprendre les effets du Numérique sur notre société. Il reprend la théorie de Jean Fourastié selon laquelle l’humanité a trois phases : celle où l’homme a travaillé la terre (agraire), celle où il a travaillé la matière (industrielle) et la dernière où il travaille l’homme (service). Or cette dernière phase est par principe stationnaire et ne produit pas de croissance. C’est le numérique qui permet de produire de la croissance grâce à la numérisation de l’homme et de ses attentes, de ses passions, de ses relations, etc…

 

Face à cette nouvelle société en construction, le monde doit établir de nouvelles règles protégeant les individus, afin d’encadrer les nombreux sujets adressés par le numérique : sécurité, santé publique, démocratie, vie privée, liberté, économie, écologie comme l’explique Eric Scherer, directeur de la prospective de France Télévision dans son article « Vite remettre de l’humain dans la Tech ».

 

Au final, dans ce monde numérique en pleine réinvention, c’est la capacité de nos politiques à mettre en œuvre à l’échelle mondiale un système de régulation, créateur de confiance et redistributeur de richesse qui donnera la réponse d’un Numérique créateur de lien social et source de progrès.

9%

le taux d'imposition des entreprises numériques

23%

le taux d'imposition des entreprises traditionnelles

71%

la perte des revenus de la presse française au profit des GAFAM

« Nous avons découvert que la technologie est le facteur principal de la baisse relative du revenu des travailleurs peu ou moyennement qualifiés ces dernières années »

Christine Lagarde, présidente du FMI

NOS INSTITUTIONS DOIVENT TROUVER UNE NOUVELLE FISCALITÉ À L'ÉCHELLE MONDIALE PERMETTANT DE PLACER L'ENSEMBLE DES ENTREPRISES DANS DES CONDITIONS D'ÉGALITÉ FACE À L'IMPÔT 

LA COUR SUPRÊME INDIENNE VIENT DE LIMITER L'ACCÈS DES DONNÉES BIOMÉTRIQUES CONTENUES DANS LE FICHIER AADHAAR AUX SEULS SERVICES PUBLICS

C'EST LA CAPACITÉ DE NOS POLITIQUES À METTRE EN OEUVRE À L'ÉCHELLE MONDIALE UN SYSTÈME DE RÉGULATION CRÉATEUR DE CONFIANCE ET REDISTRIBUTEUR DE RICHESSES QUI DONNERA LA RÉPONSE D'UN NUMÉRIQUE CRÉATEUR DE LIEN SOCIAL

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70%

des chercheurs universitaires en Grande-Bretagne sont en CDD de 1 à 3 ans

PLUS QUE LA QUESTION D'UNE SUBSTITUTION DU TRAVAIL DE L'HOMME PAR LA MACHINE, C'EST CELLE D'UNE RÉORGANISATION QUI SE POSE 

SE POSE ÉGALEMENT LA QUESTION DE LA NATURE DE LA RELATION QUE L'HOMME VA ENTRETENIR AVEC LE ROBOT. LE PSYCHIATRE SERGE TISSERON Y VOIT UN RISQUE POUR L'HOMME À PROJETER SES ÉMOTIONS, ALIMENTÉ PAR UN MARKETING CHERCHANT À NOUS VENDRE DES ROBOTS EMPATHIQUES

SUR LE PLAN ÉCONOMIQUE, PENSER QUE LA PRÉCARISATION DU TRAVAIL SERAIT RÉSERVÉE AUX SEULS EMPLOIS MOINS QUALIFIÉS SERAIT UNE ERREUR 

QUELLE ACTIVITÉ POUR L'HOMME À L'ÈRE DU NUMÉRIQUE ET AVEC QUEL COLLECTIF ?

 

Si nous passons d’une société industrielle à une société de service comme nous le présente Daniel Cohen, la question se pose de savoir si le travail, pilier et marqueur social de notre société moderne de consommation, continuera d’exister. Une remontée dans le temps nous démontre que le travail n’a pas toujours été présent. A l’époque des romains par exemple, il était uniquement « la chose des esclaves ». L’économiste Gilles Saint Paul s’est essayé à cet exercice prospectiviste d’un monde sans travail avec l’élaboration de six scénarios publiés sur le journal du CNRS.

 

Le retour de nos expériences vécues lors de la 35ème session (avec d’un côté une vision du numérique émancipatrice et de l’autre très régressive), accrédite les conclusions de l’étude de France Stratégie sur le phénomène de polarisation des emplois (effet notable aux Etats Unis et de façon plus contrasté en Europe), avec d’un côté des emplois fortement qualifiés et de l’autre faiblement qualifiés.

 

Pour l’économiste Gilles Saint Paul, l'idée que la technologie tue l’emploi est fausse. Plus que la question d’une substitution du travail de l’homme par la machine, c’est celle d’une réorganisation qui se pose, avec une recomposition du rôle de l’humain qui s’inscrirait dans une révolution anthropologique, telle que décrite par Pascal Picq. Pour ce paléoanthropologue, nous passons du schéma naturaliste de Lamark (les espèces se perfectionnent) au modèle darwinien (la diversité permet de s’adapter à un monde inconnu). La diversité darwinienne serait la réponse que l’homme peut apporter à la disruption, avec comme prolongement de notre questionnement, la façon dont nous pouvons favoriser cette diversité.

 

C’est l’ensemble de nos activités qui sont invitées à se réinventer. Dans le cas de l’usine Samson, c’est l’opérateur qui doit se former aux nouvelles machines, adapter son fonctionnement à cet univers robotique. A plus long terme, et en particulier avec l’arrivée de l’Intelligence Artificielle, de nombreuses interrogations sont soulevées. Il y a la question de la dépossession du savoir et de ses corollaires (responsabilité, nécessité d’explicabilité, risque de déshumanisation,…) comme l’a soulevé cet été le Conseil d’Etat dans son avis sur la bioéthique, abordant le sujet de l’intelligence artificielle. Se pose également la question de la nature de la relation que l’homme va entretenir avec le robot. Le psychiatre Serge Tisseron, auteur de « Le jour où mon robot m’aimera » y voit un risque pour l’homme à projeter ses émotions, alimenté par un marketing cherchant inévitablement à nous vendre des robots empathiques. Ces nouveaux sujets sont autant de thématiques à aborder tant sous l’angle juridique que sous l’angle risque y compris les risques psychosociaux.

 

Dans le cas de Jérôme Pimot, c’est sur la double dimension économique et sociétale, que le témoignage de ce livreur à vélo militant nous interpellait. Sur le plan économique, penser que la précarisation du travail serait réservée aux seuls emplois moins qualifiés serait une erreur. Notre matinée passée au Trade Union Congress à Londres avec le partage du vécu d’un syndicaliste de l’enseignement universitaire nous racontant sa lutte contre la précarisation des enseignants chercheurs (70% chercheurs universitaires en grande Bretagne sont sous statuts de contrat à durée déterminée de 1 à 3 ans) nous a convaincu que ce n’est pas qu’une question de qualification.

 

C’est potentiellement l’ensemble des emplois qui sont susceptibles d’être touchés. Se pose donc, la question de retrouver de nouveaux rapports de force, avec un syndicalisme traditionnel qui peine à trouver de nouveaux leviers. En ce sens, ces deux témoignages interpellent le collectif des travailleurs dans son renouveau de représentation. Quel sera le mode d’expression syndicale à l’ère du numérique, dans un espace où de nouvelles formes d’emplois apparaissent, où la création de valeur ne répond plus aux critères actuels (cf le rapport Villani qui explique la décorrélation de la masse salariale avec le modèle de création de valeur induit par l’intelligence artificielle, alors qu’elle sert de référence au financement de la formation professionnelle).

 

Le syndicats vont-ils réussir à se transformer dans un monde où tout est à recommencer comme nous l’explique Daniel Cohen à la toute fin de son interview, rappelant que le syndicalisme que nous connaissons aujourd’hui est né de la révolution industrielle ?

 

Les collectifs sont souvent l’expression de carence en matière de régulation. L’exemple dans un domaine différent sur la traçabilité alimentaire, consécutif aux nombreux scandales sanitaires qu’a connu l’Europe ces dernières années, démontrent que les collectifs se recréent sous des formes nouvelles. Ils prennent la forme traditionnelle d’ONG comme Foodwatch, mais également d’application numérique comme Yuka le wikipédia de l’alimentation, ou encore d’entreprise collaborative comme « C’est qui le Patron » qui fait de la juste répartition des marges entre producteurs et consommateurs, sa marque de fabrique (les consommateurs établissant eux-mêmes le cahier des charges des produits et fixant le prix d’achat au producteur).

 

Ces différents exemples, dont certains connaissent des succès incontestés, nous laissent présager que le numérique offre une place au Collectif. Reste à savoir sur un espace-temps suffisant, comment ces derniers trouveront à se stabiliser et résisteront aux collectifs de l’ancien monde et/ou aux entreprises numériques au capital monopolistique, dont certains seront tentés d’exercer leur pouvoir de récupération, pour ne pas dire de prédation ?

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LES PARADOXES DU NUMÉRIQUE

 

A l’heure de dresser un bilan, la meilleure compréhension du fonctionnement de notre monde à l’ère du numérique, est le premier apport des travaux de la 35ème session. Avec la confrontation de points de vue parfois opposés, ce sont les multiples paradoxes du numérique que nous avons pu appréhender. Les travaux se poursuivre avec la 36ème session, mais également avec notre regard sur l’actualité mondiale empreint de notre vécu de la 35ème session. Le revirement de l’Inde vis-à-vis des GAFAM illustre ce prolongement d’un monde où rien n’est figé. Les propos entendus lors de notre séjour ne nous avait guère laisser imaginer les positions prises aujourd’hui par le gouvernement indien.

 

Si nous clôturons la session avec quelques certitudes et une meilleure compréhension du monde numérique, des questions nouvelles émergent.

 

La question de la régulation et des solutions offertes aux politiques pour préserver une stabilité mondiale. Y a-t-il une place à une régulation européenne dans un numérique mondialisé ? Comment permettre de réduire les inégalités au sein de chaque pays, avec des réponses apportées par le FMI qui semble bien timide au regard des enjeux ? Quels sont les bons leviers qui permettront d’apporter crédibilité et efficacité aux mesures proposées ? Une taxe sur les GAFAM ou encore les sanctions infligées par la Commission Européenne à coup de montants record sont-ils suffisants pour maintenir la viabilité de notre système sociale européen ? Comment l’Etat doit il réinventer ses missions pour permettre une régulation efficace et qui s’inscrive sur un temps long quand le numérique avance à la vitesse éclaire ?

 

La question de la diversité : si comme nous le suggère Pascal Picq, nous vivons avec une transformation darwinienne, comment favoriser la diversité dans un monde où l’algorithme est de plus en plus présent et bride cette diversité ?

 

La question du collectif, et du renouveau syndical, comment les syndicats peuvent-ils se réinventer dans un univers où la création de la valeur ne repose plus sur la production de masse (héritée de la deuxième révolution industrielle) mais de plus en plus sur la monétarisation de la donnée ?

 

La question du renouveau du dialogue social dans les entreprises, avec des repères sociaux économiques bousculés par l’arrivée de technologie telle l’intelligence artificielle. Les propositions du rapport Villani qui consacre y une grande partie en proposant des expérimentations au travers d’un lab public de transformation du travail sont-elles le renouveau du dialogue social ? Un autre aspect est celui de la prise en compte des nouveaux thèmes apportés par les nouvelles technologies. Dans le prolongement du droit à la déconnexion, celui des comportements addictifs que peuvent engendrer les réseaux sociaux font parties des nouveaux risques que les entreprises ne peuvent ignorer. Comment les entreprises accompagnent-elles ce nouveau risque ? L’arrivée de l’IA oblige également les entreprises à une réflexion sur la responsabilité, et le partage entre celle des salariés, et celles des robots. Comment traiter ce sujet avec les partenaires sociaux ?

 

La question de la donnée qui pose le dilemme entre intérêt général et protection des données privées pour reprendre une des thématiques traitées lors du Colloque du CNIS du 2 juillet 2018 (cf page 21 à 35), avec la question du rôle de de l’Etat pour structurer cette base de données d’intérêt général comme évoqué dans le rapport Villani, ou encore dans l’interview de Xavier Ragot ? L’autre question sur la donnée porte sur les effets du RGPD qui suscite des controverses, y compris au sein des GAFAM, avec un patron d’Apple se positionnant en faveur du RGPD (communication markéting, prise de conscience de l’effet Cambridge Analytica sur l’individu et/ou réelle volonté) ? Le RGPD sera-t-il le fossoyeur de l’Europe comme le préside ses détracteurs, ou encore le renouveau d’un monde numérique qui ne peut exister sans confiance dans ses données ?

 

La question de l’éthique, qui se pose avec l’arrivée de l’Intelligence artificielle, comment permettre à l’homme de garder la main ? pour reprendre le titre de l’excellent rapport de la CNIL sur ce sujet. La santé est en première ligne sur ce sujet, et le conseil d’Etat se préoccupe de la question de l’arrivée de l’intelligence artificielle dans la médecine (cf avis sur la bioéthique) et du rôle du médecin face à cette technologie.

 

La question de la sécurité, puisque près de 80% des entreprises auraient constaté au moins une cyberattaque en 2017, avec le rapport sur « l’Etat de la menace liée au Numérique en 2018 », du ministère de l’Intérieur qui indique que « les risques qui en découlent ne sont plus conjoncturels mais bien systémiques ».

 

La question énergétique qui ne peut être ignorée. Avec une consommation énergétique du numérique qui augmente de 9% par an, il est urgent de mettre en œuvre une politique de sobriété numérique. Ce point rarement abordé aura tôt ou tard des répercussions sur l’activité humaine, et doit être traité comme l’explique Marc Bidan professeur à Polytech Nantes.

LE REVIREMENT DE L'INDE VIS-À-VIS DES GAFAM ILLUSTRE CE PROLONGEMENT D'UN MONDE OÙ RIEN N'EST FIGÉ 

SOMMAIRE

RETOUR

 

 

    APPEL A REFLEXIONS POUR LA 36e SESSION

 

1. Y a-t-il une place pour une régulation européenne dans un numérique mondialisé ?

 

2. Comment favoriser la diversité dans un monde où l’algorithme est de plus en plus présent et bride cette diversité ?

 

3. Comment les syndicats peuvent-ils se réinventer dans un univers où la création de la valeur ne repose plus sur la production de masse mais de plus en plus sur la monétarisation de la donnée ?

 

4. L’arrivée de l’IA oblige également les entreprises à une réflexion sur la responsabilité et le partage entre celle des salariés et celles des robots. Comment traiter ce sujet avec les partenaires sociaux ?

 

5. Le RGPD sera-t-il le fossoyeur de l’Europe ou bien le renouveau d’un monde numérique qui ne peut exister sans confiance dans ses données ?

 

6. Avec l’arrivée de l’Intelligence artificielle, comment permettre à l’homme de garder la main en termes d'éthique ?

 

7. En termes de sécurité, avec le numérique « les risques qui en découlent ne sont plus conjoncturels mais bien systémiques »

 

8. Avec une consommation énergétique du numérique qui augmente de 9% par an, il est urgent de mettre en œuvre une politique de sobriété numérique

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RESSOURCES

 

« Les marchés numériques : dynamiques de marché et fragilité des modèles économiques », Alain Rallet

«Exigences du travail, promesses du numérique et défis pour la qualité de vie au travail», Vincent Mandinaud

• « L'économie numérique, une géographie paradoxale », Bruno Moriset

«Frugal innovation : healthcare @ Philips», Ajit Ashok Shenvi

«Digital India : a program to transform India into a digitally empowered society and knowledge economy», Akilur Rahman

• «Numérique, travail et emploi : une cartographie des conteoverses», François Levin et Judith Herzog

• «La transformation digitale de l'Inde dans l'État du Karnataka»

À PROPOS

CRÉDITS

MENTIONS LÉGALES

FACEBOOK TIRE UNE BONNE PARTIE DE SES REVENUS EN CONVERTISSANT LES DONNÉES DE SES UTILISATEURS EN VALEUR D'ÉCHANGE, REVENANT À LA RÉINTRODUCTION DE L'ÉCONOMIE DE TROC

« Nous avons découvert que la technologie est le facteur principal de la baisse relative du revenu des travailleurs peu ou moyennement qualifiés ces dernières années »

Christine Lagarde, présidente du FMI

« Cette politique de la donnée doit s’articuler avec un objectif de souveraineté : la France et l’Europe doivent conserver une position ferme s’agissant du transfert de données hors de l’Union européenne »

Extrait du Rapport Villani

JUMIA. E-commerce, livraison repas, booking. Fondé au Nigeria en 2012. Présent dans 14 pays : l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Kenya, l'Égypte, l'Ouganda, le Cameroun, le Sénégal, le Ghana, le Rwanda, l'Afrique du Sud, la Tanzanie et la Côte d'Ivoire. Il est détenu à 20% par le groupe ayant lancé Zalando en Allemagne. Chiffre d'affaires en 2017 : 502 millions d'euros.

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ACCUEIL

CONTROVERSE 1 

EXISTE-T-IL DES MODÈLES ÉCONOMIQUES NON PRÉDATEURS ?

 

CONTROVERSE 2 

DU SOUTIER DU NUMÉRIQUE AU SLASHER : PENSER LE TRAVAIL DE DEMAIN

 

 

Chapitre 1

Tous indépendants, tous prolétaires 4.0... ou sans emploi

 

Chapitre 2

De l'entreprise libérée au néo-taylorisme

 

Chapitre 3

Le collectif de travail, une valeur dépassée ou réaffirmée ?

 

Chapitre 4

Un dialogue social renouvelé ?

Chapitre 1

Face aux GAFAM et BATX, une régulation est-elle possible ? 

 

Chapitre 2

Un modèle économique communautaire est-il possible dans le numérique ?

 

Chapitre 3

La data, nouvel eldorado ou parfait big brother ?

 

Chapitre 4

Capital Humain vs capital technologique

CONTROVERSE 3 

LA FORMATION À L'ÉPREUVE DU NUMÉRIQUE : LE CHANGEMENT DES PARADIGMES

 

 

Chapitre 1

La formation au coeur du changement culturel

 

Chapitre 2

Comment se forme-t-on dans un environnement numérique en constante transformation ?

 

Chapitre 3

Comment reconnaître, valoriser, certifier et qualifier ses acquis ?